The Lily’s project a débuté en janvier 2009 suite à la lecture de mon encyclopédie sur la guitare électrique reçue du vieux barbu un soir vers fin décembre. J’y ai en effet repéré une combinaison de micros lipstick plutôt inhabituelle sur la Danelectro Hodad. L’idée a fait son chemin et j’ai vite posé les bases du projet : une guitare orientée 50’s/60’s embarquant 4 lipsticks seymour duncan combinés pour former des humbucker-lipsticks splittables.
Après une recherche approfondie et de longues négociations (ainsi que quelques occasions ratées), c’est finalement au mois de Mai que je trouve la guitare idéale pour accueillir cette combinaison relativement inédite de micros : une Duesenberg Starplayer Special de 2005 en sparkle blue, une finition bleu flash à paillettes ravivant mes envies de rock’n’roll et rockabilly.
Duesenberg est une marque allemande qui a démarré dans le monde de la guitare comme fabriquant et distributeur de matériel : tout le hardware de la SPS provient par conséquent de la production de la firme (et c’est du solide !). A noter par ailleurs que ce modèle été élu Guitare de l’année en Angleterre en 2003.
Regardons de plus près
Le manche de la SPS est en érable et est muni d’une touche palissandre, de 22 frettes médium/jumbo et des repères traditionnels « dot ». La forme du manche se rapproche du profil 60’s des Gibson : large sans excès, juste de quoi être à son aise. La tête possède un design style « escaliers » aisément reconnaissable. Les mécaniques offrent une bonne résistance lors de l’accordage ainsi qu’une grande précision (le moindre tour de mécaniques influe l’accordage).
Le corps est fabriqué dans un bloc d’aulne avec une table en érable et reprend les formes d’une Gibson Les Paul. La finition sparkle blue précitée est munie d’un binding crème du plus bel effet. On note le « D » de Duesenberg à la place du « traditionnel » sélecteur Gibson sur le corps. Le bridge est assuré par un classique Tune-O-Matic suivi d’un Stop Tail. La plaque de protection (rappelant quelque peu la forme de la tête du manche) abrite quant à elle les boutons de réglage de volume et de tonalité ainsi que le sélecteur à trois positions. Après la « customisation lipstick », elle s’est vue compléter par 2 interrupteurs permettant de splitter les micros individuellement.
L’accastillage chrome généralisé lui donne des airs de tableau de bord haut de gamme. Une réussite en matière de finition; bien au delà des Gibson Les Paul Studio du même budget.
Confort au rendez-vous !
Malgré ce que pourrait laisser supposer la conception en aulne de son corps, la Starplayer Special n’est pas un poids plume ! Loin d’être considérée telle l’enclume qu’est Les Paul d’Indie (5,4kg) ou dans une moindre mesure la Studio de Gibson (4,5kg), les 4,1 kg de Lily la place au dessus de la Stratocaster (3,7kg) dont elle partage la composition en aulne. Si le poids peut surprendre lorsqu’on prend la guitare en main, il n’en est rien lorsqu’elle se retrouve sanglée à votre dos : l’équilibre est parfait et son poids se fait vite oublier. La guitare tient bien en main, aussi bien en position assise que debout.
Le manche est confortable et procure des sensations assez proches du profil « slimtaper » de chez Gibson. L’accès aux aigus se fait par ailleurs plus facilement que sur ma LP Studio (neck ’59 rounded) sans pour autant être un « manche à branlettes » (genre Ibanez et autres trucs de shreddeurs). On pourrait également craindre une épaisseur de manche équivalente à sa largeur, mais il n’en est rien : les petites mains seront ravies 😉
Question de goût, mais j’apprécie de plus en plus les Tune-O-Matic qui tombent plus facilement sous la main qu’un chevalet Fender lorsque que je m’attaque à des passages en palm-mute. Un bon point supplémentaire.
Résumons : Lily est belle, accueillante et confortable. Mais Lily sonne t elle ?
Ante-custom
Vous l’avez compris, mon but ici n’est pas de faire une review de la Starplayer Special en tant que telle mais bien de Lily et de son commando de Lipsticks ! Dans le soucis d’être un minimum complet, je vais résumer les sonorités électriques de bases faisant une autocitation du billet que j’avais créé à l’époque de la réception de la guitare :
« Au niveau des sonorités, les micros saturent un peu trop à mon goût mais il y a une compression naturelle et une dynamique assez appréciable ! C’est en mode splitté que la guitare me plait le plus. (…) »
A postériori, je rajouterai que j’aurais apprécié avoir un mot d’explication sur le système de split (qui n’est pas le push-pull annoncé sur le site, mais une sorte de bouton rotatif à trois positions d’arrêt, chacune donnant une sonorité différente résumable sous les appellations « humbucker sourd », « humbucker clair » et « single coil »)
Vous l’aurez compris, peu m’importait de savoir comment elle sonnait dans un ampli : la nouvelle configuration full lipstick devait se charger de changer radicalement le son ! J’achetais une lutherie et un look avant tout (+ qu’à moitié prix !)
Custom Lipstick Combinaison
Dès la réception de Lily en Mai 2009, j’ai passé commande pour 4 micros lipstick au format Strat de Seymour Duncan. Ces micros reprennent les caractéristiques des micros lipstick original (avec certes plus d’output) mais dans un format adapté au Stratocaster.
Salon de Frankfort aidant, la commande n’a pu être complétée que fin juin lorsque les 2 reverse wound/reverse polarity sont arrivés de back-order après 3 mois d’attente. A noter que j’ai pris soin de prendre une version « normale » et une version « bridge » des lipsticks afin de garantir un sortie de niveau supérieur au chevalet. D’autre part, le site de SDuncan conseille un corps en aulne et une touche en palissandre pour obtenir les tonalités les plus chaudes : précisément les specs de Lily ! (références micros : 1x SLS-1 + 1x SLS-1B + 2x SLS-1 RW/RP)
Il aura fallu creuser légèrement les encoches des humbuckers Duesenberg pour parvenir à y placer les duos de liptisck maintenus par 2 plaques de maintien confectionnées sur-mesure. Ensuite le luthier a du percer le corps et la plaque à deux endroits pour faire passer les switchs de split. Cette opération finie, il restait à s’atteler au câblage. Un travail réalisé avec le plus grand soin par Jacques Bolaers, mon luthier attitré.
Je l’avais d’ailleurs rarement vu aussi enthousiaste suite à une customisation que je lui confiais. Et pour cause : c’est une franche réussite, peu banal de surcroît !
Le système de cablâge avec le sélecteur 3 positions et les 2 switchs de split donne les possibilités suivantes :
– positions neck (1) et bridge (3) : soit simple, soit double
– position centrale (2) (bridge/neck) : soit simple/simple, soit humb./simple, soit simple/humb, soit humb./humb.
Soit 8 différentes positions très nuancées pour explorer le lipstick dans tous ses états.
En mode simple, le neck possède une belle profondeur qui n’en est qu’accentuée en mode double. De jolies basses mais non sans le fameux « twang » des aigus. Y a un côté boisé qui ne me laisse pas indifférent non plus !
Le bridge twang d’avantage en simple, avec parfois un côté criard vite corrigé avec la tonalité et au besoin l’EQ de l’ampli. En mode double, la saturation des micros est d’autant plus agréable : précise et pleine d’harmoniques. A noter que dans les 2 positions neck et bridge, le fait de passer de simple en double rajoute du corps et du volume de sortie.
La position centrale est celle qui permet le plus d’exploration : double simple pour un twang maximum, double humbucker pour envoyer la sauce et les mix simple/double, double/simple pour jouer sur la tonalité de la guitare. En effet, le fait de mettre soit le neck, soit le bridge en double, fait varier la tonalité de plus grave à plus aigu tout en gardant assurément définition et présence. Ce sont ces deux positions que j’utilise le plus.
De manière générale, peu importe la position du sélecteur ou des switchs : les micros répondent très bien aux attaques et possèdent un niveau de sortie allant du correct (simple) au très bon (double). Les sons sont propres, limpides, clinquant et s’avèrent chantant et plein d’harmoniques quand on pousse le drive.
Après l’avoir triturée dans tous les sens, j’ai trouvé beaucoup de possibilités à Lily. Ses terrains de prédilection sont les cleans et les overdrives légères; laissant les portes ouvertes au surf, country, blues et autre blues/rock. Un son clinquant, brillant et précis tout en étant profond et aéré.
En disto, on s’en va chipoter sans soucis dans le rock, l’alternatif, le blues/rock, le grunge voir la pop. Les sons sont riches, twangy et offrent un grain de saturation étonnant élevé avec le double au bridge. Sans avoir la couille d’un humbucker moderne, les « lipsbucker » envoient grave !
Alors, heureuse ?
Comblé ! Si les qualités de la guitare (look, lutherie, confort, son à vide) m’avaient d’ors et déjà convaincu, j’étais loin d’envisager une telle réussite en faisant changer l’électronique ! Découvrant les micros lipstick avec cette configuration, je n’ai clairement pas été déçu de mon choix.
Outre le choix des lipstick, la fonction split des micros donne une grande polyvalence à la Starplayer permettant de s’aventurer de la country au classic rock en passant par le surf et le blues !
Un look ravageur 50’s, une combinaison de micros (relativement) exclusive, un confort de jeu au top et des sonorités ultra polyvalente : j’ai du mal à trouver de points faibles (pas faute de chercher pourtant…)
Je conseille à tout les tweakers que vous êtes de tenter cette configuration sur une de vos guitares ! Ca en vaut CLAIREMENT la peine !
D’autres photos de Lily sont disponibles à cette adresse.